DSM-IV,pour un DMP avant l'heure
Par thierry, samedi 22 octobre 2005 à 03:13 :: Big Brother :: #38 :: rss
Le Dossier Médical Personnel risque d'être en retard pour raisons d'économies de la sécurité sociale "La Sécu subira un énième traitement anti-pertes"...Tant mieux serions nous tentés de dire. Mais en l'affaire c'est l'intention malheureusement qui compte et il est à craindre que si rien n'est fait que ce recul ne soit que pour mieux sauter...
En attendant, j'évoquais dans un billet précédent le DSM-IV (DSM - Désordre mental ou désordre social ?)
et son usage dans le milieu scolaire. A lire la circulaire n° 2003-210 du 1er décembre 2003, on peut avoir le sentiment que la mise en place des prémisses du DMP était déjà à l'ordre du jour...Voyons un peu de quoi il en retourne...
Cette circulaire (que l'on peut lire icidéfinit le programme quinquennal de prévention et d'éducation en matière de santé des élèves. L'intention est louable, les moyens un peu moins...En particulier le point sensible de la circulaire réside dans son titre II - "Mieux connaître, mieux repérer et prendre en compte les signes de souffrances psychiques des enfants et des adolescents". Pourtant là encore, comment ne pas être d'accord quand il s'agit de lutter contre les tendances suicidaires affirmées des jeunes (en effet, 8,7 % des garçons et 19 % des filles consultant l’infirmière déclarent avoir déjà tenté de se suicider). Là où les choses deviennent plus inquiétante c'est sur le choix fait parmis les outils de mettre en oeuvre les actions suivantes :
- d’intégrer, dès la rentrée 2003 dans le cadre du cycle triennal d’enquêtes engagé entre la direction de l’enseignement scolaire et la direction de la recherche, des études de l’évaluation et des statistiques du ministère chargé de la santé, un volet “santé psychique” dans le questionnaire en direction des élèves de 3ème. Le protocole d’enquêtes entre les directions concernées figure en annexe (annexe 5) du contrat-cadre éducation nationale-santé ; - d’identifier des propositions d’actions à partir des expertises collectives menées sous la direction de l’INSERM, d’une part sur l’éducation pour la santé des jeunes, et d’autre part, sur le dépistage et la prévention des troubles mentaux chez l’enfant et l’adolescent ;
Quant on sait que l'INSERM promeut pour ce faire le DSM IV...on voit comment l'optique des TCC (Thérapies Comportementales et Cognitives) pénètre le milieu scolaire cherchant à mobiliser comme un seul homme les équipes socio-éducative et de santé de l'école. Mais l'opération de diagnostic des capacités neuro-sensorielle des jeunes enfants est prévu de démarrer plus tôt encore qu'en classe de 3ème. On lit aussi dans la circulaire :
- réaliser à 100 % les bilans médicaux des enfants scolarisés avant leur sixième anniversaire. Ce bilan, inscrit dans le code de l’éducation, doit être centré sur les acquisitions et le développement nécessaires à une bonne insertion à l’école, notamment sur les compétences neuro-sensorielles nécessaires à l’apprentissage des langages.
un peu plus loin :
Pour accompagner cette démarche, il est nécessaire que les différents médecins appelés à intervenir auprès des enfants, disposent d’outils communs de recueil de données. Pour la rentrée scolaire 2004/2005, un nouveau carnet de santé, adapté à ces objectifs, ainsi qu’un protocole de consultation intégrant des données sur la santé psychique, seront élaborés par un groupe national de travail éducation nationale-santé.
et de manière plus précise encore dans l'annexe 3 de la circulaire :
Tous les enfants de grande section de maternelle ou de cours préparatoire sont examinés en présence des parents, par la mission de promotion de la santé en faveur des élèves (MPSFE) dans le cadre du bilan de santé systématique.
En cas de dépistage d’un trouble, la MPSFE transmet aux parents de l’enfant un “avis” lui indiquant la nécessité de consulter un professionnel de santé selon le problème dépisté. La famille, ou le professionnel consulté doit avertir par “Retour”, que l’enfant a bien été vu par le système de soins. S’il n’y a pas de “Retour” après un délai variable qu’il faut déterminer selon la déficience dépistée, l’environnement et les possibilités logistiques, la MPSFE effectue un “Rappel” écrit ou oral à la famille lui indiquant la nécessité de consulter. Si, après ce rappel, à n’y a toujours pas “Retour”, il faut intervenir auprès de la famille.
Bref difficile de passer entre les mailles du filet du bilan de santé obligatoire et systèmatique.Et toutes ces informations doivent bien sûr être informatisées et tracées :
Les supports d’information et l’organisation du recueil d’information doivent permettre, sans qu’il y ait violation du secret médical : - de préciser les caractéristiques (identité, sexe, adresse classe. école...) de chaque enfant ; - d’assurer le suivi des pathologies détectées ; - d’informer sur les mesures d’accompagnement mises en place pour l’accès aux soins de chaque problème de santé mais aussi d’éclairer sur les obstacles rencontrés par les familles. (...) chaque équipe de la MPSFE a son ordinateur portable et saisit directement les données. Il faut alors non seulement vérifier les items du suivi et de l’activité des médiateurs, mais aussi prévoir la centralisation et l’analyse des données.
Dans un article de Claire Blain (psychologue) très intéressant sur le sujet (Santé mentale à l'école) écrit au sujet de ce dossier médical :
A son propos, les experts de l'Académie de Médecine affirment que "ses indicateurs de développement psychique devraient être évalués et éventuellement modifiés. A coté de lui, un dossier médical doit être proposé et formalisé. Il pourrait être informatisé afin de favoriser sa consultation, sous couvert du secret médical. (…) et il est indispensable que la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) revienne sur sa décision de détruire les dossiers à six ans afin de permettre la comparaison des examens." (p. 12). Le rapport de l'IGAS 2003 préconise la création "d'une page spécifique de questionnement sur le développement psychique affectif, cognitif et relationnel de l’enfant".
C'est bien l'intention qui compte...
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire
Les commentaires pour ce billet sont fermés.