Tout d'abord, s'agissant du rapport entre nanosciences et médecine, il est intéressant de noter que la première préoccupation de nos parlementaires est celle du "marché des nanobiotechnologies" (estimé en 2002 -même s'il est dit que c'est difficile ; mais il faut des chiffres pour frapper les esprits sensibles - à 300 milliards de :$ -encore eux...). Il s'ensuit une longue comparaison de ce que nous investissons en France au regard des autres pays. Il y est question bien sûr du retard (en investissement) de l'Europe par rapport aux Etats Unis et à l'Asie (Chine, Japon, Corée du sud...)

Bien sûr, vient ensuite l'examen des "aspects socio-culturels des nanotechnologies" et les rapporteurs "évoquent" les

"risques potentiels" et l' "importance d'une étude de leur impact sur la santé et l'environnement car les nanobiotechnologies commencent à quitter le cercle des laboratoires de recherche pour entrer dans la phase du développement industriel".

Mais nos rapporteurs prennent gardent d'insister qu'une telle évaluation des risques ne doit pas verser dans le "catastrophisme" en rappelant que les nanoparticulent sont déjà là et circulent parmis nous du fait de la dissémination de nombre de produits chimiques dans l'atmosphère (c'est plutôt rassurant...)

:W Le point le plus important de cet examen du rapport réside selon moi dans ce constat :

à l'évidence les nanotechnologies peuvent constituer un terrain favorable à l'émergence d'un sentiment de méfiance ou même de crainte, mais que, pour l'heure, c'est plutôt dans les modalités d'utilisation des nanotechnologies que se situent des problèmes d'ordre éthique, dont le respect de la vie privée, et la dérive conduisant de « l'homme réparé » à « l'homme augmenté ».

Nos parlementaires rappelant que "le droit à l'intimité génétique est appelé à devenir l'une des plus importantes revendications du présent siècle" expriment alors une mise en garde généreuse mais un peu faible :

l'implantation dans le corps humain de nanomatériaux permettant de localiser, voire contrôler un individu ne doit en aucun cas donner lieu à des dérives.

:VIRUS

Ils ont également évoqué la crainte de l'apparition d'une médecine à plusieurs vitesses.

En effet, aucune étude générale relative au coût de l'utilisation croissante des nanobiotechnologies n'a été réalisée et aucune réponse n'existe sur l'éventuelle prise en charge par le régime général de la sécurité sociale de ces soins d'un type nouveau.

Cela pourrait avoir pour conséquence de réserver, au moins partiellement, les progrès liés aux nanobiotechnologies aux malades les plus fortunés et de faire naître une médecine à multiples vitesses.

Une fois cette précaution oratoire prise, il semble qu'il faille maintenant pour eux passer aux choses sérieuses, c'est à dire programmer une accélération de la recherche dans le domaine (compte tenu des enjeux économiques mondiaux). Il faut pour cela :

un grand programme interministériel (NanoTech ou NNI français), impliquant les industriels dans l'élaboration des objectifs, permettant une véritable mise en réseau des compétences d'entreprises et de laboratoires, doté d'une organisation réactive et ouverte, susceptible de drainer des fonds privés

Bien sûr rien n'est dit ici du contrôle citoyen de la recherche - il est vrai que dans notre système de démocratie représentative l' OPECST joue ce rôle...Mais cela pourrait être mieux, on l'a déjà vu sur la question des OGM ... Il faut pour cela informer les différents publics :

  • pour les parlementaires et pour les institutionnels de tous poils : un DVD réalisé par la DG Recherche de la Commission européenne sur les nanotechnologies
  • pour les citoyens lambda : un forum de discussion en ligne où les citoyens pourraient s'informer facilement...(et ceux qui n'ont pas accès à Internet ? S'informer simplement ou aussi s'exprimer ?
Je viens d'aller faire un tour sur le site des forum gouvernementaux : aucun forum sur le sujet en vue...Des mots des mots, rien que des mots. :ZZZ

:W En conclusion de ce billet et à la lecture de ce texte de présentation du rapport, je ne pourrais qu'être d'accord avec l'un des rapporteurs Jean Louis Lorrain (sénateur) qui a insisté sur l'importance d'une approche comprenant les sciences morales et philosophiques.